Détails du terme - Valeur ajoutée

Valeur ajoutée

1. Définition et principe général

La valeur ajoutée (VA) est une notion clé en économie. Elle désigne la richesse réellement créée par une entreprise, une administration ou même un individu lorsqu’il transforme des ressources pour produire un bien ou un service.

Elle permet de comprendre où, comment et par qui la richesse est produite dans une économie.

Prenons un exemple simple :

  • Une entreprise de menuiserie achète du bois pour 300 000 €.
  • Elle fabrique des jouets et les vend pour 1 000 000 €.

Valeur ajoutée = Valeur de la production – Consommations intermédiaires

VA = 1 000 000 € – 300 000 € = 700 000 €

Ces 700 000 € représentent la richesse effectivement créée par le travail de transformation. Cet argent servira à :

  • Payer les salaires des ouvriers, techniciens, cadres, etc.
  • Payer les loyers, impôts, taxes, assurances
  • Rémunérer les actionnaires
  • Investir dans de nouvelles machines ou bâtiments
  • Dégager éventuellement un bénéfice

La valeur ajoutée est donc le cœur de l’activité économique : sans transformation, sans VA, pas de croissance, pas d’emplois, pas de revenus.

 

2. Calcul, exemples et cas particuliers

Formule générale

La formule standard du calcul de la valeur ajoutée est la suivante :

Valeur ajoutée = Valeur de la production – consommations intermédiaires

  • Valeur de la production : c’est le chiffre d’affaires (recettes des ventes) auquel on peut ajouter la variation de stock.
  • Consommations intermédiaires (CI) : ce sont les biens et services utilisés pour produire, mais consommés dans le processus (matières premières, énergie, sous-traitance, etc.).

 

Exemples chiffrés

Exemple 1 : une boulangerie artisanale

  • Recettes de l’année : 200 000 €
  • Consommations intermédiaires :
    • Farine, œufs, beurre : 30 000 €
    • Électricité, eau : 10 000 €
    • Services (livraisons, nettoyage, etc.) : 5 000 €

Valeur ajoutée = 200 000 – (30 000 + 10 000 + 5 000) = 155 000 €

Cette VA de 155 000 € sert à payer les salaires, le loyer, les charges sociales, les impôts, etc.

 

Exemple 2 : une société de conseil (activité immatérielle)

  • Chiffre d’affaires : 500 000 €
  • Consommations intermédiaires :
    • Logiciels, abonnements : 20 000 €
    • Électricité, Internet : 10 000 €
    • Services comptables : 15 000 €

Valeur ajoutée = 500 000 – (20 000 + 10 000 + 15 000) = 455 000 €

Dans le secteur tertiaire, les CI sont souvent plus faibles que dans l’industrie, donc la VA est plus élevée proportionnellement.

Cas particuliers

  • Auto-entrepreneurs ou professions libérales : leur chiffre d’affaires est souvent une bonne estimation de leur valeur ajoutée, car ils consomment peu de matières premières.
  • Administrations publiques : elles ne vendent pas leur production, donc leur VA est évaluée par la somme des rémunérations des agents publics.
  • Production agricole : elle dépend des saisons. On inclut parfois la variation de stocks (récoltes non encore vendues) dans le calcul de la production.

 

3. Utilisation de la valeur ajoutée (répartition)

Une fois créée, la valeur ajoutée est répartie entre plusieurs acteurs économiques. Elle est utilisée pour rémunérer ceux qui ont participé à la production, ou pour financer les charges de fonctionnement. Voici les grands postes de répartition :

Répartition classique de la valeur ajoutée :

Poste de répartition

Description

Salaires et cotisations sociales

Rémunération des employés + charges patronales (URSSAF, retraite, etc.)

Impôts et taxes

TVA non récupérable, impôts sur la production (taxe foncière, etc.)

Excédent brut d’exploitation (EBE)

Ce qui reste après avoir payé salaires et impôts. Sert à rémunérer les actionnaires, investir ou épargner.

Amortissements

Réserve comptable pour remplacer les machines, véhicules, etc.

Intérêts

Paiement des dettes contractées (banques, obligations, etc.)

Ce que l’on appelle parfois « profit » ne correspond pas à toute la VA, mais à ce qui reste après avoir tout payé, donc à la fin.

 

Exemple concret (entreprise industrielle) :

Une entreprise produit pour 1 000 000 € de jouets, avec 300 000 € de consommations intermédiaires → VA = 700 000 €

Voici comment cette VA est répartie :

  • Salaires bruts + cotisations : 400 000 €
  • Impôts et taxes : 50 000 €
  • Amortissements : 80 000 €
  • Intérêts sur emprunts : 20 000 €
  • Résultat net (bénéfice) : 150 000 €

Ce bénéfice pourra être réinvesti dans l’entreprise ou distribué sous forme de dividendes.

 

Remarques importantes

  • Conflits de répartition peuvent apparaître si, par exemple, les salaires stagnent alors que les profits augmentent.
  • L’évolution de la répartition de la VA est un enjeu de politique économique (réforme fiscale, hausse du SMIC, aides à l’investissement…).

 

4. Rôle de la valeur ajoutée dans la mesure de la richesse nationale (PIB)

De la valeur ajoutée au PIB

Le PIB (Produit Intérieur Brut) est l’un des principaux indicateurs économiques utilisés pour mesurer la richesse produite par un pays en une année.

Mais comment le calcule-t-on ? Tout simplement… en additionnant toutes les valeurs ajoutées créées sur le territoire par les unités productives résidentes (entreprises, administrations, associations…).

PIB = Somme des valeurs ajouteˊes + impoˆts sur les produits – subventions sur les produits\textbf{PIB = Somme des valeurs ajoutées + impôts sur les produits – subventions sur les produits}PIB = Somme des valeurs ajouteˊes + impoˆts sur les produits – subventions sur les produits

On y ajoute donc :

  • les impôts sur les produits (notamment la TVA et les droits de douane)
  • on retranche les subventions sur les produits, car elles ne proviennent pas d’une vraie création de valeur mais d’un soutien public.

 

Exemple simplifié

Imaginons un petit pays composé de trois entreprises :

  • Une usine textile : VA = 1 200 000 €
  • Un supermarché : VA = 600 000 €
  • Une entreprise de services numériques : VA = 700 000 €

→ Somme des VA = 2 500 000 €

  • TVA perçue = 300 000 €
  • Subventions à la production = 50 000 €

PIB = 2 500 000 + 300 000 – 50 000 = 2 750 000 €

Ce chiffre donne une estimation de la richesse produite dans l’économie nationale sur une période donnée (généralement une année).

 

Pourquoi c’est important ?

Le PIB est un outil central pour :

  • Comparer la richesse produite entre pays (PIB France vs Allemagne, par exemple)
  • Mesurer la croissance économique d’une année sur l’autre (si le PIB augmente, l’économie croît)
  • Évaluer les politiques économiques (relance, fiscalité, etc.)

Mais attention : le PIB ne mesure que ce qui est produit monétairement, il ne prend pas en compte :

  • Le travail domestique (éducation des enfants, ménage…)
  • L’économie souterraine (travail au noir, trafics…)
  • Le bénévolat ou la qualité de vie

 

5. Limites du PIB et indicateurs alternatifs

Le Produit Intérieur Brut est souvent utilisé comme indicateur principal de la performance économique d’un pays. Pourtant, malgré sa simplicité et son utilité, le PIB est un indicateur imparfait qui ne reflète pas toutes les dimensions du développement ou du bien-être d’une société.

 

Les principales limites du PIB

  1. Il ne mesure que les richesses monétaires
    → Il exclut le travail non rémunéré comme :
    • Les tâches ménagères,
    • L’éducation parentale,
    • Le bénévolat associatif,
    • Le soin des proches.
  2. Il ignore la qualité de la production
    → Produire plus ne veut pas forcément dire mieux :
    • La construction d’armes ou de prisons augmente le PIB, sans améliorer forcément le bien-être.
    • Le gaspillage de ressources naturelles n’est pas pénalisé.
  3. Il ne tient pas compte des inégalités
    → Un pays peut avoir un PIB élevé mais de fortes inégalités de revenus, ce que le PIB ne signale pas.
  4. Il ne mesure pas les externalités
    → La pollution, le stress, l’épuisement des ressources ne sont pas soustraits du PIB.
  5. L’économie souterraine n’est pas incluse
    → Travail au noir, trafics, échanges informels… qui peuvent représenter jusqu’à 20 % du PIB dans certains pays (Italie, Grèce…).

 

Des indicateurs alternatifs

Pour dépasser les limites du PIB, plusieurs indicateurs ont été développés par des économistes et des institutions internationales :

  • IDH (Indicateur de Développement Humain) :
    Créé par l’ONU, il combine :
    • Le PIB par habitant (richesse),
    • L’espérance de vie (santé),
    • Le taux d’alphabétisation et de scolarisation (éducation).
  • Indicateurs de bien-être ou bonheur national brut (BNB) :
    Utilisé notamment au Bhoutan, il intègre :
    • Le bien-être psychologique,
    • La qualité de l’environnement,
    • La culture, la gouvernance, le temps libre…
  • Empreinte écologique :
    Mesure la pression d’un pays sur les ressources naturelles et sa durabilité à long terme.
  • Indicateurs de pauvreté multidimensionnelle :
    Prennent en compte logement, accès à l’eau, à l’énergie, aux soins, etc.

 

Conclusion : Le PIB reste un outil de référence pour mesurer l’activité économique, mais il est insuffisant pour évaluer le développement global d’un pays. C’est pourquoi on parle aujourd’hui de croissance inclusive, durable ou soutenable.

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